"mais on est bien dans notre chez soi !"

Depuis la tempête pandémique nous restons prudents... Nous ne savons pas ce que nous allons faire, si nous allons pouvoir partir, si nos locataires vont pouvoir venir...
Depuis 3 mois, nous passons d'un état d'espoir absolu (voire de déni, je dois l'avouer), à un état d'abattement. Alors pour éviter ces yoyos émotionnels, j'avais fait le choix d'attendre, de ne plus imaginer la suite, de jouer au vieux sage qui accepte pleinement l'impermanence des choses...

Et puis la France se déconfine, on pense que ça va mieux, on retrouve les amis, un peu de sociabilité. Mais sans voir trop loin. Mais on y croit encore... un peu. Partir l'été en France, peut-être visiter quelques coins d'Europe à la rentrée. On va même jusqu'à imaginer, puisque les frontières européennes vont ré-ouvrir dans quelques jours que l'on pourra aller en Amérique Centrale à l'automne. Le virus semble être peu répandu là-bas et cette maison au Costa Rica que nous avions réservée, avec son paresseux dans le jardin, maintient encore notre rêve...

Et puis, malgré tout, si on part il faut bien qu'on s'organise un minimum.  Nous avons loué la maison plusieurs semaines en juillet (par HomeExchange, avec des points qui nous paieront d'autres logements durant le voyage). Beaucoup de demandes, mais peu de gens concrétisent l'échange.

Claire a appelé Cathy et John, nos locataires américains, aussi incertains que nous, pour décider ensemble que nous repoussons le bail au 1er septembre. 2 jours plus tard, ils reviennent vers nous nous annonçant que leur arrivée devient plus sure. "La maison est elle libre en Août ?"
Ahhhh ! Changement de plan tous les 2 jours ! C'est vraiment chouette, pour eux comme pour nous, qu'ils puissent venir dans l'été, mais on est vraiment chamboulés ! Hier nous avons pris un calendrier, on essaie de caler quelques grandes lignes pour l'été. pas facile...

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Cet après-midi, Gabriel discutait avec un copain. Ça parle Playmobil, cadeaux de Noël...

- Moi, à Noël, je vais demander le nouveau château Playmo ! Et toi, tu vas demander quoi ?
- Moi je voudrais le super véhicule... Maman, je pourrai avoir le super véhicule pour Noël ?
- Euh, mon chéri, à Noël, on sera certainement sur les routes et on ne pourra pas avoir des gros cadeaux dans nos sacs à dos...

Et là, c'est l'effondrement. Gab vient de comprendre. Comprendre ce que veut dire "partir". Laisser presque toute sa maison, tous ses jouets, ses copains... "mais on est bien dans notre chez-soi ! Je veux pas partir !" Gros chagrin...

A ce moment, Claire et moi sommes vraiment saisis par le doute. Nous maintenons notre projet, nous avons l'envie de partir chevillée au corps. Nous allons l'imposer à nos enfants. Mais en échange de quoi ? Quel rêve peut-on leur offrir en contre-partie de tous les sacrifices que ça va leur demander ? En ce moment, on ne leur propose que l'inconnu, l'incertitude...

Ce soir nous apprenons que notre réservation au Costa Rica est annulée. Faute de touristes, nos hôtes vont louer la maison à l'année... Le paresseux qui avait un peu consolé Gab cet après midi disparaît à son tour...

Notre maison louée en juillet... Plus de maison mi-août... Très peu de plans vacances que l'on arrive à valider pour les prochaines semaines. Espoirs et désillusions. Re-espoirs, re-désillusions...

Ce soir, je dois avouer que ça fait beaucoup pour la petite flamme que j'essaie de maintenir en moi... Je veux garder la foi en notre projet mais nous sommes en plein vertige, juste avant de sauter dans le vide.

La liberté a donc un prix ?