Les plages du Oaxaca

De San Cristobal à Oaxaca les distances sont grandes, c’est donc en bus de nuit que nous voyagerons. Notre hôte a eu la gentillesse de nous laisser l’appartement jusqu’au diner ce qui était bien pratique et confortable pour attendre 22h, l’heure de départ. Alors qu’on est tous à moitié endormis, (Gab dort à poings fermés) à 23h30, tout le monde est prié de descendre du bus pour raison protocolaire ! Un homme en tenue de guerre chimique pulvérise une fumée désinfectante dans le bus… Au milieu du voyage…. « C’est parce qu’il n’y a qu’ici qu’ils ont la machine !… » . Encore une absurdité de tous ces semi-protocoles… Bref, nous remontons dans notre bus jusqu’au lendemain dormir dans nos sièges inclinés. On a de la chance, des copains qui ont pris le même bus quelques jours après ont eu le droit à un contrôle d’identité à 2h du mat…

Arrivés à Pochutla, notre premier réflexe est d’enlever nos pulls et nos doudounes !!! Adieu la fraicheur des montagnes des Chiapas, ici le soleil est maître et on retrouve les 30 degrés !
Deux taxis nous attendent à la sortie du bus. Ils nous soutiennent mordicus qu’il faut prendre les 2 car on ne peut pas être plus de 3 par voiture…. Le protocole, vous comprenez ! Le coup du Covid était bien tenté pour faire bosser tout le monde, mais il y a des limites ! Après d'âpres négociations, nous faisons le voyage jusqu'à Puerto Angel dans une seule voiture...

Puerto Angel

Bon, laissons les aléas du voyage, car nous arrivons à Puerto Angel, charmant petit village de pêcheur relativement oublié du tourisme. Notre hôtel a les pieds dans le sable. La vue est superbe car le village est au fond d’une crique en croissant de lune refermée par de gros rochers surmontés par une petite croix. Ici, à l’abri, la mer est très calme et transparente. C’est un bonheur d’aller observer les poissons avec masque et tuba. Il y en a vraiment des magnifiques, dont la raie aigle est certainement la reine… Le village vit au rythme des départs et retours des bateaux de pêche. On s’amuse devant leur technique de parking de bateau. Prise d’élan depuis la mer vers le sable, accélération et levée du moteur simultanée en toute puissance pour percher le bateau sur la plage en pente !!! Pour reprendre la mer, il faut de l’huile de coude, demi-tour en poussant le bateau à plusieurs, puis on pousse vers la mer, toutes les bonnes âmes sont réquisitionnées pour l’opération !
A l’hôtel il y a une grande volière avec deux perroquets qui font bien rire les enfants, l'un qui dit « Hola » a tout bout de chant (😉) et un second qui rigole !

Au programme, sortie en bateau au lever du soleil pour tenter de voir des baleines ( Au Costa Rica, nous étions trop tôt dans la saison migratoire ). La pleine lune brille encore quand soudain des gerbes d’eau jaillissent devant nous ! Elles sont là ! 5 baleines à bosse nagent en remontant la côte ! Régulièrement elles plongent profondément et nous montrent leur queue majestueuse ! On est tous excités de voir cela ! Un peu plus loin, une mère et son bébé restent plus proches des côtes. Nous les suivons un moment. Une troisième baleine les rejoint… Et plus tard, encore, un autre groupe de 3 ! Ce sont 11 baleines en tout que nous aurons eu la chance d’approcher !!! Voici un petit extrait de ce souvenir qui restera un des grands moments de notre voyage...

C'est d’autant plus de chance, que nous devions y aller la veille mais avions repoussé car Claire était un peu patraque. Lors de cette sortie, ils n'ont vu aucun cétacé !!

Mazunte

Nous resterions bien un peu plus à Puerto Angel, mais nous avons loué 6 nuits dans un Airbnb d’une petite ville d’à côté, à Mazunte pour nous poser pour la semaine des anniversaires. Nous arrivons à un petit village qui a l’air bien sympa… La maison aussi, à première vue…  Malheureusement ça s’arrête à la première vue ! Elle est sale, il n’y a plus d’eau courante (la réserve est vide) donc pas possible de nettoyer, tout est déglingué et mal entretenu.  La « cuisine équipée » de l’annonce se compose d’une plaque de gaz qui n’a pas servi depuis des lustres et d’un frigo rouillé… « salon au design épuré » voulait dire « vieux clic-clac miteux» et rien d’autre. Et la salle de bain n’a rien à envier à une douche un peu moisie de prison… nous ne réagissons pas tout de suite, nous passons une nuit, mais dès le lendemain, nous parlons avec notre hôte qui reconnaît que le lieu a été saccagé avant nous et propose de nous rembourser entièrement. Nous devons donc trouver un plan B ! Tout ce que nous trouvons en ligne est complet ou hors de prix, mais un peu plus loin dans la rue on trouve un petit hôtel confortable et familial et Antonio nous reçoit comme de la famille, on se sera pas dans la rue pour les annis, ouf ! ( hotel posada la barrita )

A Mazunte le système d’eau est assez surprenant pour nous, en France qui avons de l’eau potable en tournant un robinet. Chaque maison a un ou des réservoirs d’environ 1000 litres sur le toit ou à l’étage et un camion de la mairie vient les remplir une fois par semaine avec de longs tuyaux. Si on en manque, des compagnies privées peuvent dans un délai très aléatoire venir les remplir. Par exemple pour nous, appel à 14h, rendez-vous pris pour 18h et livraison… le lendemain matin ! Là, nous ne parlons que de l’eau « courante », qui n’est pas potable. (Cette eau est acheminée dans de petits camions citernes qui doivent faire plus d’une demi heure de route pour se réapprovisionner…, c’est donc, en plus, de l’eau qui coûte cher et qui a un lourd bilan carbone).
Pour l’eau potable, à part au Costa Rica, il faut la filtrer ou acheter des bouteilles.

On va demander à Faustine un petit exposé sur l’eau potable pendant notre voyage !

Mazunte est un village un peu bohème avec des cabanes et des toits de palmes. Beaucoup de petits restos qui permettent de passer d’autres frontières sans faire de test PCR :  israélien, japonais, italien, français… Des gens du monde entier ont posé leurs valises ici (ou leurs sacs à dos). On croise beaucoup de familles mixtes, on entend parler toutes les langues, et les enfants sur la plage sont superbes. L’ambiance est détendue, légère. Les gens se parlent facilement. Très vite, on salue les gens que l’on a croisé 2 ou 3 fois, à la boulangerie, à la plage, dans la camionetta ou à regarder ensemble le coucher de soleil sur la punta cometa. « Imagine », disait John Lennon…

Le temps s’étire et prend des airs de vacances. On rallonge les jours à l’hôtel les uns après les autres.
Au programme, un peu de travail et d’école le matin, casse-croute le midi car la petite boulangerie « la baguette » propose de bons sandwiches et mêmes des petits quiches lorraines ! Temps calme, sieste en début d’après-midi pendant la grosse chaleur et plage ou balade sur la plage le reste du temps !
Un soir, nous avons même vu les baleines depuis la plage… le plus extra c’est qu’elles sont restées longtemps dans la baie tout près du groupe de paddle qui part chaque soir pour le coucher du soleil, ce devait être incroyable de les voir de si près, sur une embarcation si frêle…

Pour l’anniversaire de Gabriel, Faustine et moi, sommes partis en mission piñata en camionetta à la grosse ville d’à côté, à Pochutla. Nous avons trouvé sur la rue principale un magasin spécialisé qui peut les fabriquer sur mesure, sinon y en a pour tous les gouts, des licornes, des reines des neiges… enfin de ce qu’on en reconnaît ! Pour Gab ce sera un ours !

Je vais laisser Gab vous raconter sa journée d’anniversaire…

Quant au mien, nous sommes retournés en bateau voir les baleines. (On ne s’en lasse pas et ça ne coûte pas grand-chose ici comparé au CostaRica). On a mis un peu de temps à les trouver, mais finalement après 2 baleines, ce sont les dauphins qui nous ont offert le spectacle ! Deux bancs qui nous suivaient et certains dauphins nageaient le long du bateau, les enfants n’en revenaient pas « on dirait les dauphins playmobil !!! » ! Quelle fête, on voudrait que cela dure ! Nous avons terminé avec un peu de snorkelling, pour voir des poissons multicolores jouant dans le corail… J’ai croisé de nombreuses raies pastenagues, se cachant dans le sable et une belle raie aigle, noire à points jaunes, venue tourner en dessous de moi. Bon anniversaire !

Voilà comment se passe la vie à Mazunte. Calmement, tranquillement. C’est drôle, aussi, nous retrouvons plusieurs copains de voyage. D’abord Batel, une Israélienne croisée au Costa Rica, puis un couple de Français rencontré dans le bus à Palenque, et enfin Kamel et Justine, qui ont un itinéraire semblable au nôtre et que nous retrouvons régulièrement depuis Semuc Champey au Guatemala. Papote sur la plage ou au resto, ça fait du bien !

Puerto Escondido

Nous finissons notre exploration de ce bout de côte pacifique par Puerto Escondido. C'est une ville plus grosse que les deux précédents villages. Il y a deux grandes plages s'étirant sur des kilomètres à l'est et à l'ouest, battues par de grosses vagues, et des petites plages beaucoup plus tranquilles entre les 2. Nous profitons donc encore un peu de la mer pour aller observer les poissons. Je vais aussi faire un peu de plongée, mais la visibilité est très limitée.

Nous avons vécu de nouveau un chouette moment en regardant des bébés tortues rejoindre la mer ! Sur la plage de Bacocho, une association essaie de protéger les tortues. Toutes les nuits, des volontaires parcourent les 24km de plage pour chercher les tortues qui viennent pondre. Ils restent auprès des tortues jusqu'à ce qu'elles aient fini, puis récupèrent les œufs. Cette démarche étrange permet de protéger les œufs et les tortues des braconniers d'une part (manger des œufs ou des tortues était une coutume très répandue et les communautés locales ont du mal à comprendre que les tortues sont en voie de disparition) et de toutes les autres menaces : oiseaux, coyotes, chiens, chats, touristes...
Pour faire tourner l'association et faire un peu de prévention, tous les jours, on peut aller sur cette plage et "libérer" un bébé tortue pour quelques pesos. Chacun récupère sa petite tortue dans une calebasse, pour ne pas la toucher, et on va dans une zone protégée de la plage pour déposer sa tortue sur le sable et la regarder s'éloigner... Ces bébés tortues sont bien plus calmes que ceux que nous avions vus en liberté au Costa Rica... Sont-ils déjà fatigués de s'être débattus en attendant les touristes ou simplement moins excités qu'à la sortie naturelle du nid car il y a moins de danger ?...
Ces méthodes interventionnistes permettent cependant d'augmenter grandement les chances de survie de ces bébés tortues. A l'état sauvage, c'est 1 pour 1000 qui devient adulte. Ce processus permet d'augmenter de 20% leurs chances de devenir adultes...

Enfin, nous étions sur le point de partir de Puerto Escondido avec un sentiment mitigé quand deux expériences magiques ont transformé nos souvenir le dernier jour de notre séjour ici :

- Nous sommes allé nous baigner de nuit dans une lagune au milieu de plancton bioluminescent ! C'était étrange de prendre une lancha dans le noir, sans lumière. Petit à petit, l'eau éjectée sur les côtés de la lancha devenait de plus en plus lumineuse. Arrêtés au milieu de l'eau, dans le noir, nous nous sommes jeté à l'eau. Dès que l'on bougeait l'eau, des points s'allumaient tout autour de nous ! Un gros bouillon si on bouge beaucoup, ou juste quelques points si on faisait des gestes calmes... C'était comme la nature dans Avatar !

- Et puis, en snorkelling, j'ai trouvé des tortues marines... De belles petites tortues imbriquées ! C'était tellement chouette de nager avec elles et de les voir évoluer en planant au dessous de nous ! Du coup, le lendemain matin avant de partir pour Oaxaca, nous y sommes retournés avec Claire et Faustine (Gab avait un début d'otite, il est resté sur la plage). Elles ont surmonté leur peur de s'éloigner vers le large et leur effort a été récompensé par une nouvelle tortue ! On ne se lasse pas de la beauté du Monde !